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Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/431

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MISS MOUSQUETERR.

leen lui-même, mis par de fréquentes conversations au courant des moindres aventures de la duchesse, en étaient venus à croire en Dodekhan aussi ardemment que la charmante Parisienne.

Aussi les promeneurs furent-ils accueillis par ces paroles de Labianov :

— Toutes les dispositions prescrites par le Drapeau Bleu sont prises.

— À la bonne heure, s’exclama joyeusement Mona, tout heureuse de l’alliance établie entre son père et celui que, tout bas, elle nommait son fiancé.

— Nous avons reporté notre ligne de factionnaires en arrière du rebord circulaire du cratère.

— Bien encore.

— Seulement, comme il convient d’être prêt à tout événement, toute l’armée sera sous les armes. Nous avons concentré l’artillerie sur l’éminence qu’occupe le quartier général, ce qui lui permettrait, le cas échéant, de pointer ses feux dans toutes les directions. Mais les ordres les plus sévères ont été donnés, pour que les troupes ne fassent pas un mouvement, ne brûlent point une cartouche, tant qu’une fusée rouge ne s’élèvera pas au-dessus du mamelon que nous occupons.

— Et les projecteurs électriques ?

— Disposés sur le front de bandière, ils pourront être actionnés au premier signal.

Les généraux se mirent à rire, et le père de Mona acheva :

— Il fera clair comme en plein jour sur ce plateau ; m’est avis qu’il y aura là une surprise désagréable pour les assaillants.

Durant le repas, les officiers se montrèrent d’une humeur joyeuse. Rien, en effet, ne met en gaieté des conducteurs d’hommes, autant que la pensée d’avoir assuré la sécurité de leurs subordonnés et la déconfiture de l’ennemi.

S’ils avaient été moins préoccupés par les événements prochains, ils auraient remarqué chez Mona, chez la duchesse, une sorte de contrainte. De toute évidence, celles-ci faisaient effort pour cacher leurs réflexions intérieures.

Elles songeaient qu’après la victoire, un chagrin frapperait le général Labianov, si heureux à cette heure. Sa fille quitterait secrètement le camp pour aller vers un but fixé par le Maître du Drapeau ; un but qu’il n’avait point désigné.

Enfin, le dîner se termina. Les officiers allèrent parcourir le camp, afin de s’assurer une dernière fois que leurs ordres avaient été complètement exécutés.