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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

— La cabane, sa charpente, tout s’est envolé. Qui a détruit le poste ? Pourquoi l’avoir détruit ?

Et avec un haussement d’épaules :

— D’abord, qu’a-t-on fait des « bois » ? Sur les Hauts Plateaux on ne s’amuse pas à se charger d’objets encombrants et lourds. Les démolisseurs ont dû abandonner les débris à peu de distance.

Talus, tranchées, crevasses, l’exploration ne néglige rien.

Une crevasse vient de se révéler sur l’écran, et, au fond du gouffre, des planches, des madriers, des perches achèvent de se consumer, de se réduire en cendres.

— Les débris du poste R, prononce lentement Dodekhan.

— Mais pourquoi cette destruction, ce transport des matériaux, cet incendie ? À quoi bon cet effort, cette dépense de temps ?

C’est le duc qui interroge.

— Je ne sais pas, répliqua son compagnon. Au moins, je m’explique à quelle cause il faut attribuer le silence de nos amis, durant leur première journée de marche.

Un bref silence, et M. de la Roche-Sonnaille reprend :

— Seulement, cela ne nous indique pas à propos de quoi le poste a-t-il été détruit ?

— Voyons plus loin, murmure Dodekhan dont le visage reste soucieux.

Et le téléphote orienté de nouveau.

— Nous reprenons la route que doivent suivre nos amis.

Comme l’annonce Dodekhan, l’écran ramène le paysage où devait se dresser naguère le poste R. De nouveau les vues montagneuses se succèdent, plateaux légèrement ondulés, descentes vertigineuses en des ravins escarpés. Des étangs glacés, sur les rives desquels scintillent, à la clarté lunaire, des cristaux de sel résidus des évaporations estivales. Puis, des rivières, des torrents solidifiés par le froid, figés par le gel, conservant dans l’immobilité les remous de leur courant impétueux.

Et puis, nouvel arrêt de l’écran. Il représente un sommet escarpé. On croirait que le rocher a été entaillé à la mine, tant les arêtes en sont tranchantes, les faces planes.

— L’antenne 25 a été arrachée.

Ces mots sifflent entre les lèvres de Dodekhan qui continue, répondant au regard questionneur de Lucien :

— Il y avait là une antenne du sans-fil. Joyeux devait camper au pied de