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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

— Oui, cléments, car vous vous êtes engagé dans un chemin, au bout duquel on ne peut trouver que la mort.

L’intonation était si farouche que l’écrivain ne put réprimer un petit frémissement. Toutefois, il voulut faire bonne contenance, et d’un ton ironique :

— De quel chemin prétendez-vous parler ? demanda-t-il.

Mais la raillerie s’éteignit sur ses lèvres. Un organe plus rude avait répliqué :

— De la route d’Aubagne, qui conduit au bastidou Loursinade.

— Où nous sommes ? balbutia-t-il au comble de la surprise.

— Où nous sommes, répéta la voix rude. Au surplus, assez de détours. Vous êtes sur la piste d’un secret qui ne doit pas être divulgué…

— Mais je suis curieux, moi.

Sans tenir compte de l’interruption, l’interlocuteur invisible continua :

— Cela ne vous touche en rien. Vous ignoriez notre volonté, c’est pourquoi nous vous faisons grâce de la vie. Si vous persévériez après cela, nous n’aurions plus de raison de vous épargner.

— Qui donc êtes-vous ?

Max, très désorienté par la marche inattendue de son enquête, avait prononcé ces mots au hasard, pour dire quelque chose.

Au fond, ses idées se heurtaient, en plein désarroi. Ce bastidou le stupéfiait. Tout le monde le déclarait abandonné, inhabité, et, cette maison vide lui semblait aussi fréquentée que la Canebière.

À chaque pas, il rencontrait, des personnages mystérieux, dont la présence épaississait autour de lui le mystère qu’il s’était flatté d’expliquer. Et ce lui fut une stupeur d’entendre prononcer ces paroles :

— Tu désires nous connaître, soit, mais souviens-toi que l’on ne nous voit qu’une fois. À la seconde entrevue, nous accompagnons la mort.

La mort, ah ! le romancier s’en souciait peu maintenant. Un cri de triomphe avait failli jaillir de ses lèvres.

Au moins ceux-ci, il les verrait. Ils ne s’évanouiraient pas dans la nuit comme l’agile gamin, à peine entrevu tout à l’heure.

Mais il frissonna de la tête aux pieds. Une clarté emplissait la salle. Max reconnut sa lampe électrique aux mains de l’un de ces inconnus.

Complaisamment, ce dernier promena le faisceau lumineux sur lui-même, sur ses compagnons.

Et les yeux hagards, ayant l’impression de vivre un cauchemar, le jeune homme regardait.

Ses ennemis étaient en face de lui… Qu’étaient-ils ? Impossible de le pré-