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MISS MOUSQUETERR.

— Par Confucius, bégayait San au milieu de ses crises d’hilarité, Log aurait fait de toi son lieutenant, petit. Où donc, as-tu appris à dire aussi bien ?

Ce à quoi le gamin répondait d’un ton pénétré :

— Le désir de te bien servir m’inspire sans doute, Maître.

Certes, les prisonniers comprenaient que, sous couleur de les torturer, les braves gamins les renseignaient de leur mieux sur le terrain où ils devraient s’engager un jour prochain ; mais cela ne diminuait en rien leur découragement.

La cité souterraine, le luxe de précautions, de gardiens, de postes se soutenant, se reliant, leur semblait devoir faire avorter toute tentative en faveur des chers captifs.

Ah ! les tubes à la lumière colorée leur apparaissaient de piètres armes maintenant. Pour vaincre, il eût fallu frapper partout à la fois, et l’impossibilité d’une exécution rapide, instantanée, les réduisait au désespoir.

Chaque soir, restés seuls sous leur tente, ils s’abandonnaient à des réflexions lugubres. La déception était d’autant plus complète, d’autant plus pénible, que tous avaient espéré la victoire facile.

Or, le septième jour, tous quatre se tenaient dans la tente. La nuit était venue, une nuit triste, sans étoiles, avec un vent glacé hurlant lugubrement.

— Comme ils doivent souffrir de la faim, murmura Mona se parlant à elle-même.

— Hélas ! répondit Sara, en écho plaintif.

Toutes deux étaient assises à terre, près l’une de l’autre, rapprochées instinctivement par l’habitude d’une douleur commune. Miss Mousqueterr, debout à l’entrée, à travers laquelle on apercevait les feux allumés par les bandits de San, se retourna brusquement.

— Du courage, fit-elle.

— Du courage, redit Sara avec une expression déchirante, je n’en ai plus. Tout à l’heure, Joyeux viendra, comme chaque soir. Peut-être jugera-t-on que là, sous ces rochers maudits, ils ont assez souffert. On nous entraînera vers eux.

Elle se tordit les mains.

— Ah ! s’écria-t-elle, nos tubes lumineux nous sauveront de la torture ; mais eux, eux, mourront comme nous. Notre dernier espoir est la mort ! Pourquoi nous faut-il l’attendre si longtemps !

— Oui, pourquoi ? soupira Mona en jetant ses bras autour du cou de sa compagne de martyre.