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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

server dans l’état où je suis, mais je puis admettre que ce bouton commandait à tout le moins une sonnerie d’appel. Or, une sonnerie doit être d’abord commode. On installe une sonnerie pour s’en servir fréquemment ; on ne la place donc pas dans un endroit où l’on ne saurait l’atteindre. Ceci posé, cet appareil ne pouvait exister du vivant du docteur Rodel, puisque l’examen des murs démontre que les piliers de fonte se trouvaient encastrés dans les rayons de la bibliothèque. Une sonnerie, exigeant le déplacement de plusieurs volumes : une sonnerie tournée, non pas vers le centre de la salle mais vers le mur, cela ne pouvait entrer dans l’esprit de personne. N’ayant pas de raison d’être, cela n’était pas.

Dans le noir, il eut un sourire. Son raisonnement le satisfaisait de tout point.

— Bon, fit-il après avoir vainement cherché l’objection. Examinons maintenant, le cas où, dans un but que j’ignore, des personnages mystérieux auraient meublé clandestinement le bastidou, avec l’intention, arrêtée à l’avance, d’attirer ici la duchesse et sa jeune amie. — Ceux-là, j’ai vu leurs agents tout à l’heure, je suis ficelé par eux, je puis donc me certifier qu’ils sont réels, — ceux-là ont pu avoir intérêt à communiquer entre eux, à l’insu de leurs victimes, à posséder un signal ignoré, invisible. De là, ce bouton d’appel, face au mur, masqué par l’épaisseur de la colonne. Ce qui eut été absurde chez Rodel, devient logique pour eux. Ils ont donc certainement installé ceci après la mort du premier.

Longtemps, le romancier réfléchit ainsi. Plus il agitait les données du problème, plus la conviction pénétrait en son esprit.

Cependant les heures s’écoulaient. Depuis combien le jeune homme était-il garotté ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais un commencement de courbature très pénible l’incitait à supposer, que son involontaire faction dépassait les bornes de la résistance humaine, quand une sensation étrange le bouleversa soudain.

Il lui sembla que ses liens le comprimaient moins étroitement, qu’ils se relâchaient.

Avant qu’il eût pu s’assurer de la réalité du fait, la corde se tendit violemment sur sa poitrine, puis elle glissa rapidement autour de lui, telle un serpent qui se déroule. Il y eut un sifflement dans l’air, quelques fouettements sur la muraille, puis plus rien.

Et Max, étendant les bras, se tâtant, s’aperçut qu’il était libre. La corde avait disparu.

Il se baissa, faisant descendre sa main le long de ses jambes, palpant le