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MISS MOUSQUETERR.

Et comme, Violet, vraiment très émue, lui reprenait les mains, les serrant avec un émoi qu’elle ne cherchait pas à cacher.

— La preuve, continua-t-il paisiblement, c’est qu’en ouvrant les yeux, je me rendis compte de suite de ce que j’avais à faire.

— De suite ? répéta-t-elle.

— Absolument.

— Comme cela vous avez envisagé…

— Que si je conservais mon apparence, les gaillards aux Masques Jaunes me créeraient toute espèce de difficultés et que, notamment, ils m’empêcheraient de converser librement avec la duchesse de La Roche-Sonnaille.

— Cela apparaît droit.

— Alors, j’ai quitté le bastidou, en conservant l’œil aux aguets. Rien de suspect. Sans doute, les coquins me jugent défunt.

— Oh ! les criminels corps !

— Je suis rentré à Marseille, une voiture fermée m’a conduit aux Nouvelles Galeries. J’en suis sorti avec ce complet, ce bandeau sur l’œil, ce binocle enfumé. Un tour chez le coiffeur du théâtre, je me suis donné pour un artiste se rendant à Monte-Carlo, et j’ai obtenu perruque, favoris et moustaches.

— Pourquoi venir ici. Je suis en frémissement à la pensée les Masques Jaunes vous suivent peut-être.

— Non, ma piste est perdue pour l’heure, j’en suis certain, et puis j’ai besoin de vous.

— Ah ! avec tout mon cœur.

Et rougissant un peu de l’ardeur de son exclamation, la gentille Saxonne répliqua :

— Car je suis engagée en responsabilité ; j’aurais dû ne pas encourager…

— Bah ! j’étais si intéressé par le mystère.

— Comme moi-même, vous savez.

— Bref, reprit doucement Max, vous allez me présenter à sir John, comme un ami rencontré.

— Un ami que lui ne connaît pas ?

— Sans doute.

— Oh ! non, difficile. Il marche dans mon ombre depuis six mois passés seulement. J’ai connu vous avant ; où cela ?

— À Paris.

— Oui, c’est cela à Paris ; et puis ?