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THE BOX-PACIFIC-LINE-COMPANY

à cinq repas. J’en prélève deux pour cet homme. Quant aux trois autres, je les emporte. M. Tower reste donc mon débiteur pour ma chambre, qui devient vacante deux jours avant le terme fixé.

— Très justement raisonné, déclara l’Anglais, je vais retenir les places à la Box-Pacific.

Le soir, au dîner, Vincents, à qui le Parisien fit raconter l’histoire de leur connaissance, amusa énormément le gentleman et sa fille. Seulement quand il fut parti, miss Aurett dit doucement à Lavarède :

— Le pauvre homme me fait de la peine. Il croit à son héritage et sa désillusion sera grande.

— Bon. Je lui ménage une consolation.

— Laquelle ?

Il hésita une seconde ; puis, prenant son parti :

— C’est un secret que vous me demandez-là ?

Aurett le regarda bien en face et, avec un accent singulier :

— Oui, je le demande. Il y a une ombre dans ma pensée, chassez-là !

— J’obéis. Je destine à Vincents les deux mille dollars de mes amis les Chinois.

Le visage de la jeune fille s’illumina d’un sourire ; elle tendit la main à son interlocuteur et la serra vigoureusement avec ce seul mot :

— Merci !

Rentrée dans sa chambre, elle se déclara sérieusement qu’elle était très satisfaite de parcourir le monde en compagnie de Lavarède. Mais, par un sentiment de réserve bizarre, elle ne dit rien de tout cela à l’honorable sir Murlyton.