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Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/270

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LE LOTUS BLANC.

du ballon. Cramponné à l’ancre appliquée au flanc de la nacelle, un homme retenait le navire aérien. C’était encore Bouvreuil !

Arrivé le matin à Péking, il avait assisté à toute la scène. Il avait suivi les fugitifs ; mais à l’idée d’être séparé d’eux, il perdit la tête et s’attacha désespérément à cette nacelle qui emportait le bien-aimé de Pénélope.

D’un coup d’œil, Armand comprit le péril. Les réguliers mieux armés repoussaient lentement ses sauveurs. Déjà les derniers rangs étaient refoulés à l’intérieur de l’enclos réservé à l’aérostat. Des cadavres nombreux jonchaient le sol, et parmi eux, plus d’hommes du peuple que de soldats. Une minute d’hésitation pouvait tout remettre en cause.

Le jeune homme regarda autour de lui. Une grande caisse occupait le fond de la nacelle. Quel était son contenu ? Des armes, des provisions de bouche, sans doute, car le docteur Kasper avait annoncé que son appareil demeurerait plusieurs jours dans les airs. D’un effort surhumain, Lavarède souleva l’énorme colis et le précipita sur la terre.

Subitement délesté, le ballon fit un bond de trois cents pieds ; et saisi par un courant, il fila vers le Sud-Sud-Est, tandis que la bataille continuait furieuse près du pont des Larmes.