XXI
LE PAYS DES LAMAS
Aussitôt les voyageurs furent entourés par une foule bruyante, gesticulante. Mais au milieu des cris répétés, des mouvements désordonnés, il y avait une nuance de vénération dans la façon dont les indigènes s’approchaient des voyageurs. Même ce respect se manifestait d’une assez plaisante manière. Tous les assistants, à la vue des aéronautes, leur tiraient la langue en baissant la tête. Aurett faillit en rire aux éclats. Une observation de son ami l’arrêta à temps.
— Ne riez pas !… ce sont des Thibétains, le doute n’est plus possible ; cette grimace enfantine est, chez eux, une profonde révérence.
Des prêtres, que Lavarède désigna aussitôt à ses amis sous le nom de « lamas », usité dans la contrée, les aidèrent à sortir de leur prison aérienne. Après que leur main avait servi d’appui aux nouveaux venus, ils la portaient à leurs lèvres et se livraient à des révérences compliquées, entremêlées de génuflexions.
Armand regarda les Anglais. Les Anglais regardèrent Armand.
Ces hommes parlant une langue inconnue, se livrant à une pantomime incompréhensible, leur faisaient l’effet de maniaques.
— Peuh ! dit le journaliste en matière de conclusion, point n’est besoin d’être au courant. Ces gens paraissent bien disposés, profitons-en pour tâcher de déjeuner.