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ESCALES.

après. On le rattrape. Il renverse un agent des douanes, bouscule un gendarme ; et, finalement, il est appréhendé au corps, mis en prison, et poursuivi pour rébellion envers les agents de la force publique. La journée s’écoule ainsi. Et Dieu sait si Bouvreuil écumait en songeant que Lavarède lui échappait.


À bord de la Lorraine.

Enfin, un commissaire de police survint qui, après interrogatoire, se laissa fléchir.

Il demanda par dépêche à Paris des renseignements sur l’inculpé.

« Gros propriétaire, financier considérable. »

Telle fut la réponse.

Au nom des porteurs d’actions du Panama, Bouvreuil fut à la fin relaxé, non sans qu’on lui infligeât une forte amende. Encore ne dut-il échapper au procès et à la mise en jugement, c’est-à-dire à une grosse perte de temps, qu’en versant une somme considérable dans les caisses de bienfaisance de la ville. Après quoi, s’étant informé, il avait pris le chemin de fer du Midi, afin de retrouver la Lorraine à son escale de Santander. En résumé, transports, amendes, procès-verbaux, versements, voyages, etc., le tout lui revenait à plus de trois mille francs.

C’était salé.

Et plus Lavarède riait en écoutant ce récit lamentable, plus Bouvreuil s’emportait. Plus il s’emportait, plus il donnait raison à la lugubre fumisterie de son ennemi, plus il avait l’air d’un aliéné. Même il finit par proférer de telles imprécations que sir Murlyton lui lança un coup de poing, un de ces coups de poing anglais à assommer un homme.