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Page:JORF, Débats parlementaires, Chambre des députés — 21 septembre 1920.pdf/10

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Président de la République. (Vifs applaudissements.)

Celui qui eut l’insigne honneur de le remplacer à ce fauteuil et en reçut tant de marques de bienveillance et d’amitié n’a pu vous la communiquer sans une émotion profonde. (Vifs applaudissements unanimes.)

Décidé à ne conserver ses hautes fonctions qu’autant qu’il aurait la certitude d’en pouvoir, sans défaillance, remplir toutes les obligations, M. Paul Deschanel les abandonne dans la crainte de voir ses forces le trahir.

Ce serviteur passionné du pays, dont vous venez d’entendre le cri d’amour pour la Patrie et pour la République (Applaudissements prolongés et unanimes) est, par-dessus tout, l’homme du devoir national dans ce qu’il a de plus pur et de plus élevé. (Nouveaux applaudissements.) Nul n’oubliera que le jour de l’accident tragique qui faillit coûter la vie, il avait surmonté ses souffrances pour aller, malgré l’opposition des siens, porter l’hommage de la nation à la mémoire d’un membre du Parlement tombé à l’ennemi. (Vifs applaudissements.)

Ce ne sont pas seulement les regrets de ceux dont les suffrages, en un témoignage d’éclatante confiance, l’avaient appelé à la magistrature suprême, qui l’accompagnent dans sa retraite ; ces regrets sont partagés par tous les Français ; l’étranger s’y associe sans réserve. (Applaudissements.)

Ses anciens collègues lui ont toujours manifesté la sympathie la plus respectueuse, un indéfectible attachement. Aux heures d’épreuves, ces sentiments deviennent plus vifs encore (Très bien ! très bien !) ; j’en adresserai l’expression à M. le président Deschanel et me ferai votre interprète fidèle en lui disant les vœux ardents qui sont dans nos cœurs. (Applaudissements prolongés et unanimes.)

M. Alexandre Millerand, président du conseil, ministre des affaires étrangères. Je demande la parole.

M. le président. La parole est à M. le président du conseil.

M. Alexandre Millerand, président du conseil, ministre des affaires étrangères. Le Gouvernement tient à s’associer aux nobles paroles par lesquelles M. le président de la Chambre vient de traduire vos sentiments unanimes.

Il se joint à lui pour adresser ses vœux fervents et respectueux à M. le président Deschanel, au bon serviteur de la France, si cruellement arraché en pleine force au poste où l’avait appelé la confiance de l’Assemblée nationale, interprète fidèle des sentiments et des volontés de la France. (Vifs applaudissements prolongés.)

M. le président. La Chambre donne acte à M. le Président de la République de la lettre dont elle vient d’entendre la lecture. Elle en ordonne l’insertion au procès-verbal de la séance et le dépôt dans ses archives.

La loi constitutionnelle du 25 février 1875 porte (art. 1er, § 1er) :

« En cas de vacance par décès ou pour toute autre cause, les deux Chambres réunies procèdent immédiatement à l’élection d’un nouveau Président. »

Ex exécution de ces prescriptions constitutionnelles, la Chambre des députés se réunira à Versailles, conformément à l’article 3 de la loi du 22 juillet 1879, pour former avec le Sénat l’Assemblée nationale qui doit procéder à l’élection d’un nouveau Président de la République.

En ce qui concerne le jour et l’heure de la réunion de l’Assemblée nationale, je viens de recevoir de M. le président du Sénat la communication suivante :

« Paris, le 21 septembre 1920.
« Monsieur le président,

« J’ai l’honneur de vous faire connaître que l’Assemblée nationale se réunira le jeudi 23 septembre, à quatorze heures, à Versailles, pour procéder à l’élection du Président de la République.

« Agréez, monsieur le président, etc.

« Le président de l’Assemblée nationale,
« LÉON BOURGEOIS. »

Acte est donné de la communication de M. le président du Sénat.

MM. les membres de l’Assemblée nationale recevront d’ailleurs à domicile une convocation spéciale.

5. — RÈGLEMENT DE L’ORDRE DU JOUR

M. le président. Je pense que la Chambre voudra fixer sa prochaine séance au samedi 25 septembre, à quinze heures.

Il n’y a pas d’opposition ?…

Il en est ainsi ordonné.

Samedi prochain, à quinze heures, séance publique :

Communication du Gouvernement.

Il n’y a pas d’observation ?…

L’ordre du jour est ainsi fixé.

(La séance est levée à quinze heures vingt minutes.)

Le Chef du service sténographique
de la Chambre des députés,
Gabriel Raynaud.