Page:Jaëll - L’intelligence et le rythme dans les mouvements artistiques, 1904.pdf/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
L’EFFORT MENTAL DANS LE MOUVEMENT

direction communiqué au mouvement au moment où le doigt se pose sur la touche, au moment où il la sent, en vue de rendre le toucher élastique.

De même que l’oiseau, au moment de se poser sur la branche, atténue le mouvement de ses ailes afin d’éviter un choc, l’élève doit, lui aussi, éviter le choc entre le doigt et la touche, mais par un autre procédé. Cette élasticité peut être obtenue, en effet, dès le début de l’étude si, au lieu de maintenir le doigt fixe pendant la durée du toucher, on transforme le toucher lui-même en un mouvement qui reste sous le contrôle continu de la pensée, au moyen d’un glissé réalisé en allant du fond vers le bord de la touche pendant toute la durée du son.

Le toucher transformé en mouvement qui reste sous le contrôle continu de la pensée. — La vitesse maxima de l’abaissement du doigt est donc transformée en un toucher élastique par le glissé exécuté en allant du fond vers le bord de la touche pendant la durée du son. Cette élasticité, attribuée au mouvement, correspond à un phénomène cérébral par lequel tout mouvement contrôlé peut être sans cesse, ou accéléré, ou retardé, ou arrêté.

Il faut dire que dans l’étude habituelle du piano où le doigt est maintenu immobile pendant qu’il tient la touche enfoncée, cet arrêt du mouvement du doigt entrave le développement de la mémoire musicale, parce qu’il arrête le mouvement de la pensée. On ne se doute pas, il est vrai, de cette coïncidence !

Donc, au lieu d’introduire dans l’attaque trois éléments différents : l’abaissement, l’arrêt, le relèvement, nous réunissons ces trois actions, plus ou