Page:Jaëll - L’intelligence et le rythme dans les mouvements artistiques, 1904.pdf/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
L’ÉDUCATION DE LA PENSÉE ET LE MOUVEMENT

aptitudes fonctionnelles admirables, en faveur de son développement artistique.

La richesse de ses germes fait que l’enfant est incompris. Nous cherchons à lui communiquer notre savoir personnel au lieu de lui montrer comment, par ses propres ressources, il peut se faire un savoir personnel. On peut dire que ces germes forment par avance un savoir inconscient auquel toute son éducation doit être rattachée. C’est en apprenant à l’enfant à se connaître lui-même qu’on doit lui faire connaître tout ce qui est en dehors de lui.

Il ignore les ressources artistiques de sa main, mais il les utilise dès qu’on lui démontre la liberté d’action qu’elles lui donnent. S’il exécute d’abord quelques mouvements mal adaptés sur le clavier, ils lui semblent malaisés, les touches lui paraissent lourdes à enfoncer ; mais dès qu’on lui démontre qu’il peut, pendant qu’il fait mouvoir un doigt, arrêter les mouvements des autres doigts et ainsi acquérir une grande facilité dans l’exécution de tous les mouvements, il est convaincu, aussitôt qu’il a constaté le fait pratiquement.

Un état de conscience nouveau s’est formé chez lui dès qu’il a senti l’avantage qui résulte du fait de ne mouvoir à la fois qu’un seul doigt en maintenant les autres fixes ; cet état de conscience correspond à la faculté de penser simultanément le mouvement conscient d’un doigt et l’arrêt non moins conscient des autres doigts.

C’est par cette révélation subite de ses aptitudes qu’il apprend à gouverner ses mouvements. Il est donc, dès le début, capable de résoudre certains pro-