Page:Jaëll - L’intelligence et le rythme dans les mouvements artistiques, 1904.pdf/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
L’UNITÉ DES PHÉNOMÈNES CÉRÉBRAUX

lutifs restés jusqu’ici en dehors de l’analyse consciente qui permettent de pénétrer le secret artistique du mouvement. On ne voit vraiment la forme du mouvement que lorsqu’on en voit le rythme, et on ne voit le rythme que lorsqu’on calcule la divisibilité différentielle du temps à laquelle correspond la transformation constante inhérente à la vitesse du mouvement.

En somme, ce qui reste le plus en dehors de notre conscience, c’est précisément la divisibilité différentielle du temps à travers laquelle se manifestent les phénomènes vibratoires qui forment la base de toutes nos sensations.

C’est parce que les phénomènes primordiaux des nombres nous sont les moins pénétrables, que ce sont aussi les phénomènes rythmiques de la nature qui attirent le moins notre attention.

Notre regard analyse la différence des couleurs, la différence des formes, la différence des degrés de rapprochement ou d’éloignement dans la perspective ; il n’analyse pas l’évolution rythmique dans les mouvements qu’il perçoit ; — il ne voit pas le mouvement qui est dans le mouvement.

Par rapport à cette vue du mouvement dans le mouvement, la conscience est si peu développée qu’on pourrait l’accuser de cécité rythmique. Car tandis que nous analysons de très petites différences de nuances dans une même couleur, et de très faibles déviations dans la direction d’une ligne, nous ne voyons dans un mouvement que son point de départ et son point d’arrivée, le caractère général de son allure plus ou moins lente ou rapide ; nous