Page:Jacob - La Perle ou Les Femmes litteraires.djvu/201

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reçu à la porte de l’église par le patriarche de Constantinople. Après les prières d’usage, il fit la cérémonie que les Grecs ont conservée et qu’on nomme dernier adieu. Après que le patriarche eut embrassé le corps, les parens et ceux qui formaient le convoi en firent de même. Cette scène, que l’idée d’un éternel adieu ne rend que trop attendrissante, le devint encore plus quand cette sœur éplorée, qui n’écoutait que les mouvemens de sa douleur, déchira ses habits et arracha ses cheveux pour en couvrir le cercueil d’un frère qu’elle voit encore et qu’elle ne doit plus bientôt voir. On fit des efforts pour abréger cette scène lugubre et pour ramener la sœur affligée dans la maison : ses sens étaient moins affectés et sa douleur un peu plus calme.

Cette maison, située sur le bord du canal de la mer Noire, a son entrée par un jardin, d’où l’on découvre tout ce que le canal a de plus beau et de plus magnifique. Ce jardin était orné de belles fleurs et de quelques arbres fruitiers. Il y avait d’un côté une volière pleine d’oiseaux de toute espèce, et de l’autre un réservoir, rafraîchi par les eaux de la mer, renfermant toutes sortes de poissons. Ce jardin, ces oiseaux, ces poissons faisaient tout l’amusement du sage que la mort venait de ravir