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Page:Jacob - Souvenirs d’un révolté.djvu/9

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— Il ne me manque plus que le pardessus, murmura Pélissard.

Soudain, au moment où j’ouvris la porte pour monter au premier étage, Bour siffla l’air du Père Duchesne, signal convenu en cas de danger.

— Allons voir, dis-je à Pélissard.

Et, tout deux, nous retournâmes auprès de Bour, en ayant soin de bien masquer la lumière de notre lampe.

— Est-ce toi qui as sifflé ?

— Oui.

— Qu’y a-t-il ?

— Un homme vient de sortir en courant.

— D’où est-il sortit ?

— D’à coté ou d’en face.

— Quelle direction a-t-il pris ?

— Par là, me dit Bour, en me désignant la rue Saint-Wulfrang.

— Mauvais ! C’est le chemin pour aller au commissariat de police. C’est peut-être un citoyen dévoué. En tout cas je vais le prendre en filature. Restez là. Je reviens dans un instant.

Ma mission fut vite terminée. En ouvrant les contrevents pour sauter sur le trottoir, j’aperçus une tête de femme, postée dans l’encadrement de l’une des fenêtres de l’immeuble d’en face. Mes camarades ayant vu l’apparition en même temps que moi, en un clin d’œil nous fûmes tout trois dans la rue.

— Tiens ! S’écria-t-elle. Ils sont encore trois !

Puis précipitamment, elle referma la fenêtre. Décidément le danger était réel. Il ne s’agissait pas d’une hallucination comme en ont parfois ceux qui font le guet.

— Ce doit être la femelle du mâle que tu as entendu sortir, dis-je à Bour.

— Oh ! ça c’est couru, répondit-il.

Et sans plus délibérer, nous opérâmes une marche rétrograde, au petit bonheur, c’est-à-dire sans savoir au juste où nous conduisait le chemin que nous prenions. Lorsque nous nous fûmes engagés dans la rue Jeanne-d’Arc, où grâce à l’obscurité nous jouissions d’une sécurité relative, je conseillai de nous tenir prêts à tout événement.