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de Jupiter, elles habitent la terre et séjournent dans les bois, sur les cimes des montagnes, prés des sources des fleuves, dans les prairies et dans les grottes. On les voit, dans l’Iliade et dans l’Odyssée, accompagner Diane, en formant des danses autour de la déesse, veiller sur le sort des hommes, planter des arbres, présider au gibier ; aussi leur sacrifiait-on, soit dans des cérémonies spéciales, soit en commun avec Mercure. Homère donne aux nymphes des champs l’épithète d’agronomes ; les Orestiades habitent les montagnes, et les Naïades sont les nymphes des sources. Une classe inférieure de Nymphes, filles des bois, des fleuves et des sources, servaient Circé dans sa grotte. Du reste, toutes celles de la classe supérieure ne tiraient pas leur origine de Jupiter ; ainsi, l’Odyssée mentionne Calypso comme fille d’Atlas, et donne Apollon pour père à Phaéthuse et à Lampétie. ─ En général, les nymphes apparaissent dans les poésies homériques et dans les écrits des auteurs postérieurs au père de la poésie épique, comme des personnifications de certaines forces de la nature et surtout du principe humide. Divinités d’une religion primitive qui, supposant des êtres surhumains dans les sources, dans les fleuves, dans les montagnes, cherche à personnifier tous les éléments et toutes les forces du monde, ou qui attribue à une influence divine les impressions produites par les divers aspects des sites, on leur adjoignit plus tard une autre classe de nymphes, appartenant à l’histoire mythique, et n’étant autres que la symbolisation des races entières ou des empires ; la nymphe Cyrène, dans Apollonius, porte ce dernier caractère. ─ On peut classer ainsi les nymphes qui représentent les forces de la nature : I. Nymphes des eaux. À cette classe appartiennent les Œéanides, ou Océanines, dites aussi nymphes marines (Νύμφαι ʹΑλίαι, Pelagi nymphae, Marinae) ; les Néréides, nymphes des mers intérieures ; les Potamides, nymphes des fleuves et des rivières, qu’on distinguait par les noms locaux d’Achéloïdes, d’Anigrides, d’Isménides d’Amnisiades, de Pactolides, etc. ; les Naïades, nymphes qui présidaient aux ruisseaux, etc. ; les Crénées, ou Pégées, nymphes des sources ; les Limnadcs, nommées aussi Limnacides ou Éllonomes, nymphes des étangs et des eaux stagnantes (distinguées par les noms locaux de Tritonides, de Castalides, etc.). En général, toutes ces nymphes des eaux (έφυδάτιαι, ένυδροι, ύδριάδεζ, έφυδριάδεζ), présidant aux sources, dont les eaux avaient, selon les anciens, un rapport intime avec la faculté prophétique, étaient regardées comme divinités fatidiques rendant des oracles, et pouvant donner aux mortels qu’elles favorisaient le pouvoir de prédire l’avenir. On les adorait aussi, en leur qualité de nymphes des sources dont l’eau a un effet salutaire dans les maladies


débilitantes, comme déesses de Ia guérison ; de plus, l’eau étant le principe de la fécondité, elles étaient invoquées comme divinités tutélaires des fleurs, des prairies, des troupeaux, du gibier ; comme nourrices des dieux tels que Bacchus, Jupiter, et de divers personnages de l’histoire mythique. Plusieurs d’entre elles sont liées d’une manière étroite aux divinités supérieures, telles qu’Apollon, dieu prophétique, appartenant comme elles à la religion de la nature, Diane, déesse chasseresse, adorée elle-même comme nymphe en Arcadie (voir. DIANE), Mercure, Bacchus, Pan, les Silènes et les Satyres. Oa les voit souvent, dans la mythologie antique, se joindre au cortège de ces diverses divinités, former des danses, et prendre part à toutes les cérémonies du culte ; mais souvent aussi elles restent dans leurs grottes et s’occupent à tisser et à filer avec la plus grande application. Il y avait aussi des nymphes dites Avernales, qui habitaient les eaux da monde souterrain. ─ II. Nymphes des montagnes et des grottes. Nommées, en général, Oréades, Orodemniades et Orescooi, elles sont quelquefois distinguées par des noms locaux, tels que ceux de Cithéronidcs, de Pèliades, de Coryclae, de Dictaeae, etc. ─ III. Nymphes des bois et des vallées. À cette classe appartiennent les Napées, les Auloniades, les Hyléores, les Alséides ; on supposait que, de même que les autres divinités des bois, elles s’amusaient à effrayer le voyageur solitaire. ─ IV. Nymphes des arbres. Ce sont les Dryades et les Hamadryades, divinités d’origine arcadienne, qui n’apparaissent jamais, ainsi que les Oréades et les Naïades, à la suite d’autres divinités. ─ Sous leur face de divinités chtoniennes, c’est-à-dire particulières à un lieu ou locales, les nymphes portaient divers surnoms, tels que ceux de Dodonides, de Lemniae, de Mycalésides, de Nysiades, etc. ─ Le nombre des nymphes n’est pas bien déterminé par les mythologues ; selon Hésiode, il y en avait trois mille. Hérodote les fait vivre plusieurs milliers d’années. ─ On leur rendait un culte particulier, et on leur offrait en sacrifice de l’huile, du lait, du miel, et quelquefois on immolait des chèvres et des agneaux en leur honneur. Elles avaient des temples ou des autels dans les forêts, près des sources, etc. A Cnide, on célébrait une fête en l’honneur d’Apollon, de Neptune et des nymphes. L’art plastique les a toujours représentées sous la forme de jeunes filles nues ou à moitié nues. Les poètes des derniers âges leur ont donné quelquefois une chevelure couleur vert-de-mer.

NYMPHOLEPTOI. On donnait ce nom aux devins inspirés par les nymphes.

NYSA. Nymphe, nourrice de Bacchus.

NYSÆUS, NYSIUS, NYSSUS, NYRIGENA. Dieu de Nysa. Surnom de Bacchus, de Nysa, montagne ou ville de la Thrace, ou du nom de sa nourrice.