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la vie, lorsque Milanion devint amoureux d’elle, et se présenta à la course. Vénus lui avait donné des pommes d’or, qu’il lui jetait lorsqu’elle était prête à l’atteindre : Atalante, s’étant dérangée de sa course pour les ramasser, fut vaincue, et Milanion l’épousa. Étant un jour à la chasse, les deux époux ne craignirent pas de profaner l’enceinte consacrée à Jupiter, en s’y livrant aux plaisirs de l’amour ; le dieu, irrité, les changea en lions. Cette première Atalante eut de Milanion, d’autres disent du dieu Mars, un flls, Parthénopée, qui se trouva à la guerre de Thèbes. — 2. Atalante , Béotienne, fille de Schoenée, femme d’Hippomène : les traditions qui la regardent ne différent qu’en quelques points peu importants de celle que nous venons d’exposer. Ainsi, pour cette seconde Atalante, on place le lieu de la course à Onchestos en Tbessalie ; Milanion est Hippomène, et le sanctuaire profané devient un temple de Cybèle, qui change en lions les criminels, et les attelle à son char. Les mythologues latins, entre autres Ovide et Hygin, attribuent le ressentiment de la déesse à l’ingratitude d’Hippomène, qui n’avait pas remercié Vénus des pommes d’or auxquelles il avait dû sa victoire.

ATÉ (Noxa). Fille d’Éris (la Discorde), suivant Hésiode, ou, suivant Homere, fille de Jupiter : divinité malfaisante qui pousse les dieux et les hommes à des actes irréfléchis et funestes par leurs conséquences. C’était elle qui avait suggéré à Jupiter le fatal serment qui, par l’artifice de Junon, eut un résultat si contraire aux intentions du dieu. voy. ALCMÈNE. « Alors, dit Homère, le cœur plein de ressentiment, Jupiter la saisit par sa chevelure flottante et jura ce serment inviolable : que jamais plus Até, qui porte partout l’erreur, ne remonterait sur l’Olympe ni au ciel étoilé. Puis, de sa main invincible, il la lança du haut du ciel au milieu des œuvres des hommes. » Homère dit encore d’Até qu’elle rase d’une course légère les têtes des hommes : il la nomme l’auguste fille de Jupiter, la déesse à la marche rapide, la puissante et la pernicieuse. ─ Dans les tragiques, elle apparaît comme divinité vengeresse des mauvaises actions. Elle inflige par ordre des dieux de justes peines aux présomptueux et aux coupables, les frappant jusque dans leurs amis et leur postérité. Alors son essence rentre en partie dans celle de Kémésis et d’Érinnys. « Jupiter, dit Eschyle, envoie du sein des ténèbres, aux puissances impies et criminelles, Até, la lente vengeresse » ; et ailleurs : « Até, celle qui broie le cœur, saisit le coupable qu’enveloppe comme son jouet un flot de malheur. » Eschyle est celui des tragiques où son nom intervient le plus fréquemment ; Euripide celui où il se rencontre le plus rarement : l’idée à laquelle celui-ci s’attache de préfércnce est celle de Dicé (Justice). ─ 2. Colline de Phrygie. Il est vraisemblable que, dans les traditions, Até, précipitée du ciel, était tombée en

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ce lieu, et avait donné son nom à la colline.

ATHAMANTIDE (ATHAMANTIS). Hellé, fille d’Athamas.

ATHAMAS. Roi d’Orchomène. ville des Minyens, en Béotie ; fils d’Æolus et d’Énarété ; frère de Sisyphe, de Crétheus, de Salmonée, de Déion, de Magnés et de Périérès : ou, selon d’autres, fils du premier Orchomène et de Phanosyra , et par conséquent frère d’Orchomène le Jeune et de Diochthondas. Junon lui donna pour épouse Néphélé, déesse des nuages, dont il eut deux enfants, Phryxus et Hellé. Cependant, blessée de ce qu’Athamas lui préférait une épouse terrestre, Ino, fille de Cadmus, Néphélé disparut. De là la malédiction et les calamités qui fondirent sur cette maison. Néphélé, redevenue déesse, demande qu’Athamas soit dévoué, c’est-à-dire offert en sacrifice expiatoire. Cette expiation pèse désormais sur les Athamantides. — Telles semblent être les données fondamentales du mythe d’Athamas. Voici maintenant les traditions divergentes. — Outre Néphélé, Athamas avait épousé Ino, qui lui donna deux fila, Léarque et Mélicerte. Ino haïssait les enfants de Néphélé. Dans l’intention de les perdre, elle persuada aux femmes du pays de rôtir les grains destinés aux semailles ( voy. ALOS) de sorte que rien ne germa dans les champs. Athamas, ayant alors envoyé consulter l’oracle de Delphes sur les moyens d’obvier à cette stérilité. les envoyés, gagnés par Ino, répondirent au nom du dieu que Phryxus devait être sacrifié. Cependant le peuple exigeait d’Athamas qu’il obéit à l’oracle. Alors par les soins de Néphélé, le bélier à la toison d’or enleva Phryxus et Hellé, et transporta le premier en Colchide. Plus tard la colère de Junon, colère que les anciens attribuent à des causes très-diverses, priva Athamas des enfants qu’il avait eus d’Ino. Dans un accès de frénésie que la déesse lui inspira, il tua lui-même Léarque qu’il prit pour une bête fauve. Là dessus Ino se précipita dans la mer avec Mélicerte. Athamas, souillé du meurtre de son fils, dute s’exiler. L’oracle d’Apollon interrogé lui annonça qu’il devait s’établir là où des animaux féroces, faisant à son égard l’office d’hôtes, pourvoiraient à son repas. Après avoir longtemps erré, il rencontra des loups qui s’enfuirent à son approche, laissant là des quartiers de brebis qu’ils étaient occupés à dévorer. Athamas, jugeant l’oracle accompli, se fixa en ce lieu. Il nomma la contrée Athamantie, et épousa Thémisto, fille d’Hypseus, dont il eu quatre fils, Leucon, Erythrius, Schœnée et Ptoüs (Apollodore). — Selon Hygin, ce fut Phryxus lui-même qui, voyant son père hésiter à accomplir l’ordre du dieu, s’offrit volontairement au sacrifice. Déjà on l’avait conduit au pied de l’autel, lorsque l’un des envoyés fit l’aveu de la supercherie. Alors Athamas remit Ino et Mélicerte entre les mains de Phryxus pour qu’il les fit mourir. Mais Bacchus, nourrisson d’Ino, la sauva ainsi que son fils.