Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/189

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« vous aviez la bourse plate, c’est vrai, mais en revanche les bourses pleines. Cela faisait compensation. — Oh ! pas tant que cela, » riposte l’accusé, ancien notaire qui se piquait de connaissances littéraires, « j’étais fatigué, j’avais mal dormi, et malgré ma bonne volonté, vous comprenez qu’en présence d’une telle odalisque, si elle n’avait pas pris mon υιτ (vit) pour le mettre dans son vieux tronc, j’aurais été incapable d’y aller. » La Négresse bondit à cet outrage comme un pur-sang sous le fouet : « Ou, sale moune, sauvage, voleu, ou qu’a insulté onnête famE, si ou pas focé mo, jamé consenti à coqué avé vou. Mo préféré mouri, que touché sale posson massogan. » Et la vieille, montrant des griffes de Harpie, allait arracher les yeux de l’ex-tabellion Normand si le bon Pandore ne s’était interposé. « Mais regardez-moi cela », dit l’accusé, « comme s’il était possible de prendre Madame de force ! une jeune fille, je ne dis pas, mais un vieux débris comme celui-là ! Quel remède contre l’amour ! Oh ! là, là !!! » Cependant, le bon Président lui octroya cinq ans de double chaîne.

L’Arabe qui a voulu empaler l’Hindou. — Un Arabe, contremaître d’un placer, fut accusé d’avoir voulu prendre de force un jeune coolie Hindou. Un des témoins était une petite Capresse, infirmière au placer où le fait s’était passé. Le Président lui pose les questions ci-après : Votre nom ? — Virginie Laviolette. — Votre âge ? — Seize ans. — Votre profession ? — Infirmière au placer Bonne-Nouvelle. — Bien, » dit le Président, vous soulagez l’humanité souffrante. Dites-nous, mon enfant, tout ce que vous savez. — Moi ? je ne sais rien », répond la jolie brunette, « mais on m’a dit que l’Arabe Mohammed avait voulu ενϰυλερ (enculer (mot français en lettres grecques)) l’Hindou » (sic). — Mademoiselle, cela suffit, » dit le Président ; « je vois que la décence de votre langage répond à la modestie de