Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/228

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la jeune fille n’est pas appelée à se prononcer sur la demande dont elle est l’objet. C’est simplement une affaire entre le futur mari et les parents. La dot se débat ; elle varie selon la richesse des deux partis ; à Saint-Louis, des pièces de guinée, des bestiaux, quelquefois de l’argent ; dans l’intérieur, un ou deux esclaves. Il suffit de donner un acompte, en promettant de payer le surplus après la cérémonie ; les parents de la fiancée acceptent généralement. Dans l’intérieur, chez les Kassonkés, on peut même retenir à l’avance une fillette toute jeune et donner des arrhes, qui sont restituées fidèlement si les parents ne livrent pas la fille quand elle est nubile ; mais si c’est le jeune homme qui refuse le mariage, tout est gardé par les parents. Il n’y a qu’un cas de force majeure, c’est la mauvaise conduite de la jeune fille ; aussi, quand celle-ci est nubile, vers l’âge de douze ans, on l’envoie à son futur. Cette coutume du mariage, ou plutôt des fiançailles par consentement réciproque des parties intéressées, existe aussi dans les villages Nègres du Ouolof, autour de Saint-Louis.

Vanité que met la femme Noire à être payée cher par son mari. — La Négresse ne considère pas du tout comme un déshonneur d’avoir été payée à son père. Elle tire au contraire vanité du prix élevé qu’on a donné pour l’avoir. J’ai entendu à ce sujet une réponse typique de l’une d’elles. Une famille Européenne, dont le mari, fonctionnaire de l’État, avait voyagé avec moi sur le transport, était venue se loger, par économie, dans une petite maison en briques, à la pointe Nord, près de la Mosquée. La jeune femme Française, curieuse et bonne enfant, avait lié connaissance avec les Noirs des environs, et pris à son service une petite Négresse de douze ans. Au bout de quelque temps la sœur de la Négresse, fille de seize ans, aux formes splendides, vint annoncer son ma-