Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/229

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riage à la maîtresse de sa sœur. Elle épousait un traitant, jouissant d’un certain bien-être, et elle énumérait tous les beaux cadeaux offerts à son père pour sa dot. La dame lui dit d’un ton de reproche : « Comment, n’as-tu pas honte de te vanter d’être achetée et payée à ton père, comme si tu étais une bête ? » Elle s’attira cette apostrophe de la Négresse piquée au vif : — « Tout ce que mon fiancé offre à mon père pour me posséder, prouve qu’il m’aime et fait cas de moi, tandis que toi et les autres femmes de Toubabs, vos hommes vous trouvent tellement laides, que vous êtes obligées d’acheter vos maris, car sans l’argent que vous leur donnez, vous n’en trouveriez pas. » Cette allusion à la dot des filles Européennes ne manque pas de sel, et la riposte était bonne.

Cérémonies du mariage. — Les cérémonies du mariage varient un peu selon les peuples, mais elles offrent en général le caractère d’une fête, plutôt que d’une cérémonie religieuse, même chez les Musulmans. Le mari commence par préparer la case, qui est vide. Le jour de la noce, la pudique fiancée, couverte d’un long voile épais, mais sans la moindre fleur d’oranger (différence avec la fiancée Européenne), est conduite par une matrone au domicile conjugal. Toutes les femmes amies de la famille lui font un cortège, portant sur la tête la corbeille de noces, qui se compose des ustensiles du futur ménage, tels que nattes, paniers, mortier, pilon, calebasse de couscous, mil, arachides, jarres en terre, etc., etc.

La fiancée entre dans la case, accompagnée de la matrone chargée de l’initier au doux mystère d’amour, pendant qu’au dehors le tam-tam retentit à coups redoublés. L’entrée de la case est absolument interdite aux hommes, mais les femmes du village viennent à tour de rôle visiter la fiancée, lui donner des conseils et la féli-