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dire panier. Les nays sont des enfants de sept à quinze ans qui sont munis de paniers ronds. Ils se trouvent sur les quais, au marché, devant les magasins, et attendent le chaland qui voudra faire une acquisition quelconque. Le nay ou panier est maigre et chétif ; il porte les cheveux longs, pendants derrière la tête. Il pullule à Saïgon. C’est dans les paniers que l’on recrute la classe des boys.

Ceux-ci ont de quinze à vingt-cinq ans ; ils sont essentiellement menteurs, débauchés, joueurs et voleurs. Malheur à l’Européen qui laisse pour une heure la clef sur le tiroir ou l’armoire aux piastres, il est sûr d’être dévalisé. Le boy remplit l’office de servant de table ou de valet de chambre, de la façon la plus incomplète. Il est à peu près impossible d’obtenir de lui un travail régulier ; car il s’absente une grande partie de la journée et toute la nuit. Il porte, comme costume, un petit veston boutonnant sur le devant, une moresque en coton blanc avec une ceinture en soie rouge pendant sur le devant. À cette ceinture est appendue une petite bourse en soie doublée de peau, et agrémentée de dessins en filigranes de cuivre doré. Un foulard de soie entoure les cheveux roulés du boy, qui sont souvent retenus par un peigne en écaille.


Joueurs, voleurs et pédérastes Annamites. — En résumé, le panier et le boy sont joueurs, voleurs et pédérastes. Sont-ils pédérastes, tout simplement parce que ce métier leur rapporte de quoi satisfaire leurs autres vices ? C’est la théorie de certains Annamitophiles, qui ont prétendu que c’était la conquête Européenne qui avait introduit ce vice. Il n’en est rien. L’Annamite est pédéraste, parce qu’il est lascif. C’est une vieille race civilisée, déjà pourrie. Il y a là une tare innée, que l’Européen a trouvée en plein épanouissement et dont quelques-uns (en petit nombre, espérons-le) ont profité.