Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/67

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pénis affligé d’un phimosis complet ; ablic est la corruption d’un mot Annamite signifiant l’acte Sodomitique, et ce mot est aussi cyniquement cru et expressif que le verbe français vulgaire qui lui correspond. Il existait avant notre arrivée, tandis que l’équivalent du mot pudeur n’existe pas dans la langue Annamite. C’est une double preuve linguistique.

En réponse, le nay ne récolte généralement qu’un bon coup de pied dans le bas des reins : alors, il s’en va sans rien dire. Dans le cas de l’acceptation, il sait que l’heure propice est l’heure de la sieste, après le coup de canon de midi.

Effectivement, vers midi et quart, une ombre discrète se glisse furtivement dans la chambre du pédéraste. Comme la belle de jour, le nay trouve le moyen de pénétrer, sans être vu de personne, dans une maison où souvent habitent ensemble plusieurs Européens.

Si le nay, enfant impubère, généralement sale et dégoûtant, lui déplaît, l’Européen dépravé a, le soir, la ressource du boy. Celui-ci a de seize à vingt ans ; c’est un ancien nay élevé à la dignité de boy. Le boy opère le soir, après neuf heures et avant minuit, en sortant de la maison de son maître. Il n’est pas insensible à l’attrait du gain facile d’une piastre, qui lui permettra de tenter la fortune au baquan. Remarquons à ce sujet que, par suite de la valeur relative de l’argent, il y a trente ans une piastre valait, en Cochinchine, un louis en France.

Si le boy porte souvent un joli costume en soie, un foulard dans les cheveux et une ceinture de couleur rouge ou bleu d’azur, il est aussi sale de corps que le nay. Les soins les plus vulgaires de propreté lui sont inconnus. Jamais, comme le Chinois, d’ablution générale ; pas un seau d’eau versé sur la tête dans un pays où la plus basse température est de vingt-cinq degrés le jour et la nuit :