Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/214

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naît à sa nature belliqueuse et à son caractère bruyant et vantard ; le Bambara, qui provient le plus souvent de captifs faits sur le Niger, à ses membres robustes, à son tempérament calme ; le Peulh, à ses traits réguliers, à ses jambes grêles et nerveuses et à son extrême agilité ; le Yolof, plus policé que les autres Noirs, à sa nature douce, à ses manières moins rudes.

» Malgré cette diversité de recrutement, les Tirailleurs ont un esprit de corps remarquable. Ce sont de précieux auxiliaires d’une grande intrépidité et pour la plupart d’une réelle bravoure. Le Tirailleur est le véritable soldat de la conquête. Nul mieux que lui n’est apte à faire une marche forcée, à exécuter les coups de main qu’un chef jeune et audacieux peut concevoir et entreprendre. Une fois revêtu de ses grigris (amulettes en cuir) auxquels il n’accorde plus, en réalité, une très grande confiance depuis qu’il a vu tomber sous ses balles nombre de ses ennemis qui en étaient couverts, mais dont il aime néanmoins à se parer en guise d’ornement ; une fois muni de sa peau de bouc, qui contient sa provision de six à sept litres d’eau, de sa besace, qui renferme une poignée de couscous et ses cent vingt cartouches, un chef peut lui demander de marcher vingt heures durant : c’est pour lui un jeu d’enfant. »


Le Tirailleur ne brille pas toujours par une très grande discipline, surtout lorsqu’il se trouve sous les ordres de chefs qui, débarqués de la veille, ignorants de la langue du pays, des mœurs des Indigènes, ne savent pas le commander et le rebutent : de plus, passant chaque année neuf mois sur douze dans la brousse, il faut, pour le conduire, une main ferme, mais aussi une autorité paternelle ; sinon il désertera sans scrupules, avec armes et bagages. Par exemple, le Tirailleur est pillard dans l’âme.