Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/245

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Et pendant toute la durée de la fête, on leur chante sur tous les tons et sur tous les airs de semblables litanies.

» Je passe sous silence les détails concernant l’opération elle-même. Armés d’un sabre, les héros de la journée viennent l’un après l’autre, en piétinant, danser devant nous un pas guerrier, qui consiste à mimer des parades et des gestes menaçants contre un ennemi imaginaire, pendant que, d’une main encore inhabile, ils essayent de faire tournoyer la lame brillante autour de leur tête ; ils ont des inflexions des jambes qui donnent à leur corps souple et jeune un mouvement de gauche à droite excessivement gracieux. Puis, à leur tour, les femmes et les jeunes filles dansent en faisant rouler la tête sur les épaules avec une telle vigueur que la nuque vient toucher le dos, ce qui produit sur les spectateurs une impression des plus désagréables.

» Les chants et les danses continuent toute la nuit : mais, désireux d’assister à la cérémonie qui n’a lieu qu’au lever du soleil, nous ne faisons acte de présence au tamtam du soir que pendant une demi-heure. L’interprète nous dit que la circoncision se fait publiquement, et qu’à part les femmes tout le monde peut y assister ; qu’en général les Noirs n’aiment pas la présence des Blancs, mais que, cependant, pour le Commandant et les officiers du Fort, cette exclusion n’existe pas. Depuis bientôt trois ans que je suis dans le pays, j’assiste pour la première fois à cette cérémonie bien curieuse à différents points de vue. Ici je ne parlerai que du courage vraiment étonnant dont ces enfants font preuve. L’instrument dont se sert le forgeron-chirurgien est un mauvais couteau en fer du pays, aiguisé à la lime et passé sur un caillou ; les patients chantent, les bras en l’air, et sourient aux spectateurs enthousiasmés qui déchargent leurs fusils en poussant