Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/251

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noncé que celui de la danse Yolof. Dans le Rio-Nunez, les Landoumans ont une danse assez analogue à la danse du ventre des Arabes. Cette danse est exécutée par la femme seule. Elle consiste en une série de pas tantôt en avant et en arrière, tantôt sur le côté, complétée par un trémoussement général du bassin qui simule les mouvements de la femme dans le coït normal. Les danses Arabes de l’Exposition de 1889 en donnaient une idée assez exacte, quoique moins accentuée.

Danse obscène du massacre des Blancs et mutilation des morts. — Aucun des auteurs qui ont écrit sur le Sénégal n’a parlé des actes atroces qui se passent chez certains peuples de l’intérieur, notamment les Toucouleurs et les Malinkés, après un combat où l’Européen a été vaincu ou repoussé, et a laissé ses morts et blessés sur le champ de bataille. Ceux-ci sont mutilés atrocement par les vieilles femmes qui viennent dépouiller les cadavres. Pour les morts, l’inconvénient n’est pas grand, mais les malheureux blessés expirent dans d’horribles souffrances. Cette opération a été effleurée très délicatement dans le Roman d’un Spahi, le livre le plus vrai que nous ayons sur le Sénégal. Fatou-Gaye, la maîtresse de Jean le spahi, tué dans une embuscade, avec l’avant-garde de son escadron, va à la recherche du cadavre de son amant, qu’elle trouve enfin. La description est saisissante : « Fatou-Gaye s’était arrêtée, tremblante, terrifiée. Elle l’avait reconnu, lui, là-bas, étendu avec les bras raidis et la bouche ouverte au soleil, et elle récitait je ne sais quelle invocation du rite païen, en touchant les grigris pendus à son cou noir. Elle resta là longtemps à parler tout bas, avec des yeux hagards, dont le blanc s’était injecté de taches rouges. Elle voyait de loin venir de vieilles femmes de la tribu ennemie qui se dirigeaient vers les morts, et se doutait de