CHAPITRE II
aractères moraux du Canaque. — Le Canaque
est un grand enfant, et il a les mauvais
instincts de l’enfant, féroce, cruel et
sans pitié ; mais c’est un homme doué
comme nous du sens moral. Il se distingue par une
obéissance fanatique au Chef. Celui-ci peut tout lui
commander, il obéira. Il ne se croit nullement inférieur
à l’homme civilisé et ne le craint pas. D’ailleurs, le colon
avec qui il peut se comparer ne brille guère par la moralité.
Le Canaque trouve que notre civilisation est trop
compliquée, et il plaint sincèrement le Blanc de ne pouvoir
vivre sans tout notre appareil administratif. Il ne
nous envie que deux choses : l’alcool et nos armes à feu
perfectionnées. Il est foncièrement honnête, et diffère en
cela prodigieusement de l’Annamite, voleur comme une
pie. Vous pouvez laisser à sa portée les choses qu’il aime
le plus, les vivres, la viande, le vin, l’eau-de-vie même :
il ne touchera à rien. Abandonnez sur un débarcadère
les vivres destinés à un poste Européen, que le Canaque