Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/292

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des colons munis de fusils Lefaucheux ou de carabines anglaises Snyders à tabatière. Les Chassepots et les Snyders que les Canaques prirent au début de l’insurrection devinrent entre leurs mains des armes terribles. Si les tribus du Nord et de l’Est, au lieu de se déclarer pour nous, s’étaient soulevées, tous les Européens de l’intérieur étaient massacrés et Nouméa bloqué. Il aurait fallu une expédition formidable venue de la métropole pour dégager les Européens restants.

Malgré l’appui prêté par les tribus restées fidèles, il a fallu près de deux ans pour réduire l’insurrection. C’est dans le livre du commandant Rivière qu’il faut lire le récit des combats et des marches des colonnes.

Attaque du poste de la Foa. — J’ai avancé que le seul fait de la rébellion du Canaque, si mal armé, était l’indice de sa bravoure. Un exemple en est donné par le commandant Rivière, quand il raconte l’attaque en plein jour du poste de la Foa, défendu par une palissade et un blockaus bien garnis de fusil à tir rapide. Il a fallu à ces hommes, que nous nommons sauvages, une audace étonnante. L’attaque, d’ailleurs, faillit réussir, et elle avait été habilement menée. Pendant deux heures, les Canaques attaquèrent la palissade et le blockaus à coups de fronde, malgré le feu nourri des fusils à tir rapide.

Mort héroïque de seize guerriers. — Je citerai un seul fait que je tiens d’un officier ayant fait partie des colonnes expéditionnaires lancées contre les Canaques. L’insurrection était vaincue, et l’on traquait les débris des tribus pour les déporter à l’Île des Pins. Une tribu (celle des grands Farinos) se trouva cernée par une colonne, avec l’aide des guerriers de la tribu alliée de Kondi. Le Chef rebelle assembla tous ses guerriers et leur montra l’impossibilité de continuer la lutte ; pour