Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/295

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la première humanité, que la misère explique, qu’elle ne justifie pas. Plaignons le cannibale, et ne l’injurions pas trop, nous autres civilisés, qui massacrons des millions d’hommes. Le mal n’est pas tant de faire rôtir son ennemi, que de le tuer quand il ne veut pas mourir. »

Le Pilou-Pilou. — Le Pilou-Pilou occupe une part considérable dans l’existence du Canaque. Rien ne se fait sans un pilou-pilou, à la fois danse de guerre, de victoire, d’amour et de fête. Chaque tribu a son pilou-pilou particulier, présentant quelques variantes avec les autres. Il serait trop long de les décrire ici. Voici, en général, comment ils se passent.

Le Pilou-Pilou de guerre. — Seuls, les guerriers y prennent part. Ils sont en tenue de guerre, peints en noir, avec, çà et là, sur le corps, des marques blanches qui leur donnent un aspect diabolique, la sagaie et le tamio à la main. On allume un grand feu autour duquel les guerriers font cercle. Après des grognements répétés et une sorte de sifflement aigu qui produit un bruit sinistre, ils brandissent leurs armes, sautent en grinçant les dents et faisant des grimaces atroces. Puis la bande des guerriers se sépare en deux cercles, qui tournent avec des rugissements de fauve et des cris rauques et gutturaux. Enfin, les deux bandes s’élancent avec des cris sauvages l’une sur l’autre, simulent un combat acharné. J’ai assisté, à Koné, à un pilou-pilou de ce genre, et je n’ai pu m’empêcher de frissonner, quoique je fusse couvert par la personne du chef assis auprès de moi.

Le Pilou-Pilou érotique. — Les femmes prennent part à ce pilou-pilou, destiné à célébrer les jeux de l’amour, mais elles ne se mêlent pas avec les hommes. Elles forment un petit cercle concentrique à celui des hommes, dansent sur place, les pieds fixés au sol, et, sur un rythme lent et cadencé, balancent leurs hanches en