Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/348

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velure éparse sur ses épaules et, comme un manteau royal, tombant souvent plus bas que le buste. Le pubis est ombragé d’un poil doux, assez fourni, noir, châtain foncé et quelquefois roux, car il y a des rousses dorées chez les Vahinés.

Le portrait de Rarahu. — Je me suis efforcé de décrire de mon mieux le genre de beauté de la race Tahitienne, mais je reconnais l’impuissance de ma plume et j’emprunte le secours de celle de Pierre Loti. Le portrait de sa maîtresse, la petite Rarahu, est un bijou d’une finesse exquise, et le lecteur me saura gré, sans doute, de le reproduire ici :

« Rarahu était une petite créature qui ne ressemblait à aucune autre, bien qu’elle fût un type accompli de cette race Maorie qui peuple les archipels Polynésiens et passe pour être une des plus belles du monde : race distincte et mystérieuse dont la provenance est inconnue. Rarahu avait des yeux d’un noir roux, pleins d’une langueur exotique, d’une douceur câline, comme celle des jeunes chats quand on les caresse ; ses cils étaient si longs, si noirs, qu’on les eût pris pour des plumes peintes. Son nez était court et fin, comme celui de certaines figures Arabes ; sa bouche, un peu plus épaisse, un peu plus fendue que le type classique, avait des coins profonds, d’un contour délicieux. En riant, elle découvrait jusqu’au fond des dents un peu larges, blanches comme de l’émail blanc, dents que les années n’avaient pas eu le temps de beaucoup polir, et qui conservaient encore les stries légères de l’enfance. Ses cheveux, parfumés au santal, étaient longs, droits, un peu rudes ; ils tombaient en masses lourdes sur de rondes épaules nues. Une même teinte fauve, tirant sur le rouge-brique, celle des terres cuites claires de la