Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/362

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d’autres femmes qui lui donnaient la becquée. Dans cette circonstance, le tabou avait comme conséquence d’interdire la reprise du coït avant que les organes de la génération de la femme fussent revenus à leur état normal. J’ai montré, chez la Canaque Néo-Calédonienne, les graves désordres résultant d’un coït trop tôt recommencé après la parturition.

Enfants adoptifs. — La race Maorie-Polynésienne est à peu près la seule race humaine chez laquelle l’enfant, dans l’ancienne législation, appartenait rarement à ses générateurs. L’adoption des enfants était extrêmement commune chez les anciens Tahitiens, et elle n’a pas encore disparu des mœurs. C’est une des coutumes les plus originales de cette race. Entre le Metna (père naturel) et le Metua Faaanu (père adoptif) il y a un échange incessant d’enfants à la mamelle, et cet échange établit entre les deux familles un quasi-lien de parenté.

Chants. — L’Hyménée. — J’ai entendu pour la première fois l’hyménée dans les salons du Gouvernement, à Papeete. L’hyménée se chantait dans les jardins. Le chœur se composait de soixante-dix à quatre-vingts personnes assises à la Turque sur plusieurs rangs, les femmes devant. Une chanteuse entonne, d’une voix de gorge suraiguë, une phrase musicale sur un rythme vif et bizarre ; les femmes répètent sur un ton assez grave, les hommes font la basse, pendant qu’un certain nombre de ces derniers, balançant leur torse, font entendre de véritables rugissements.

L’ensemble est parfait, et les voix d’une justesse étonnante. Quelle différence avec les cris et les hurlements de bête fauve du pilou-pilou Néo-Calédonien ! Toutes les parties concourent à une véritable harmonie. C’est une musique étrange, mais c’est une musique. Les Maoris chantent comme devaient le faire les anciens