Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/366

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deau de la race noire. Par contre, depuis que la soi-disant civilisation moderne a pris pied dans l’île, le gin, les deux véroles, et surtout la phtisie, ont fait des ravages inouïs. La famille royale de Pomaré, composée de colosses, comme force et beauté, a disparu presque tout entière. Du temps de Cook, l’île comptait plus de cent mille habitants ; aujourd’hui, il n’y en a pas dix mille. Si le contact de la race Blanche débarrassera à bref délai l’humanité des anthropophages de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides, ce sera un bienfait ; mais il est permis de déplorer la disparition de cette douce et bonne race Maorie. Elle vivait si heureuse dans son paradis terrestre, avant l’arrivée des Européens ! Un travail insignifiant, aucune peine morale, l’amour libre et le plaisir sous toutes ses formes. Que lui avons-nous donné en échange ? L’alcool, la vérole et la phtisie, redoutable trinité que nous lui avons révélée, sans compter l’ivrognerie et l’hypocrisie. D’ici à quelques années, à part de rares exceptions, il ne restera plus de Tahitiens de race pure dans la Nouvelle-Cythère. Que sera la race métis, croisement de l’Européen avec la Vahiné ? Aura-t-elle les qualités morales du père, et les qualités physiques de la race Maorie ? C’est une question que seul l’avenir résoudra.