Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/374

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Naïades, leurs longs cheveux mouillés au bord de l’eau, fument des cigarettes dans des poses lascives, sur le gazon, à l’ombre des grands arbres, enfilent, pour s’en faire des couronnes, des fleurs jaunes de bouraos, ou de jaunes étoiles taillées dans les fruits d’or du pandanus. »

Le voyageur Chartier, dans son intéressant ouvrage sur Tahiti, nous retrace également la vie actuelle du Tahitien :

« Le Tahitien, bien qu’admirablement doué par la nature au point de vue des forces physiques et musculaires, se montre réfractaire à toute espèce de labeur. Ayant peu de besoins à satisfaire, il ne sent point la nécessité du travail ; d’ailleurs l’étranger ne refuse jamais à ses Vahinés le peu de luxe admis par leur état social. On ne saurait obtenir du Tahitien aucune exploitation agricole, aucun labeur commandé. Quant à son intelligence, non moins vive que son corps est robuste, il ne l’emploie guère qu’à gagner les bonnes grâces des Vahinés et à déjouer les ruses commerciales de l’Européen. Nous nous souvenons qu’un midship avait donné à un indigène, comme bague d’or, une bague en doublé, en échange de quelques services ; il avait compté sans le flair exquis du Tahitien qui, après avoir approché de ses narines l’objet suspect, refusa de se laisser tromper. Quant aux femmes, elles ont conservé jusqu’à ce jour cette molle oisiveté, ce sans-gêne olympique. La rêverie, la promenade, la sieste, la danse, le chant et le bain sont leurs principales occupations. »

La journée d’une Vahiné à Papeete. — Les Tahitiennes passent leur existence à jouer et à rire, comme les Nymphes de l’île de Calypso ; malheureusement elles y ajoutent les cartes, le tabac et la bière, produits de la civilisation Européenne.