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de beauté. Pauvre Vahiné ! adieu la upa-upa, les hyménées, les longues rêveries ! »


Jalousie du Tahitien actuel. — Le temps n’est plus où les habitants de la Nouvelle-Cythère offraient les femmes de leur famille à l’étranger Européen. Le Tahitien actuel se montre aussi jaloux de sa femme qu’un homme d’une autre race. Je parle de celui de l’intérieur, et non de l’indigène de Papeete, corrompu par le contact de l’Européen.

Le voyageur Desfontaines, déjà cité, donne, au sujet des mœurs actuelles des Tahitiens, des détails curieux, que je reproduis volontiers : « L’hospitalité est large chez les Tahitiens ; cependant ils ne vont pas jusqu’à vous proposer leur femme, comme le racontent certains voyageurs. Si, par hasard, ils se permettent de vous offrir une femme, c’est celle de tout le monde. Leur jalousie est vive, au contraire ; pour ma part, j’ai pu la constater à différentes reprises, et elle existe aussi bien chez la femme que chez l’homme. Une nuit, je me réveille au milieu de grands cris, je me précipite au dehors : une jeune Tahitienne était traînée par les cheveux. J’interroge les personnes présentes, et voici ce qu’on me raconte : l’amoureux avait fait des infidélités, et pour le punir, la jeune fille refusait de retourner avec son bien-aimé ; alors ne pouvant se résigner à cet abandon, il employait la violence, ce qui leur arrive fréquemment. Une autre fois, j’apprenais qu’une femme avait enfoncé profondément, dans la cuisse de son époux, la branche la plus pointue de sa paire de ciseaux, parce qu’il avait donné un coup de canif dans le contrat. Enfin, moi-même j’ai failli être victime de cette jalousie féroce et aveugle. Un jour, je demande sur la route un renseignement à une jolie femme. Tout à coup, un homme