Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/69

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maison, le Chinois coûte beaucoup plus cher qu’un Annamite, mais il offre l’inappréciable avantage d’une très grande propreté. Le Chinois s’ablutionne le corps à grande eau matin et soir, en se versant deux ou trois grands seaux d’eau sur la tête. Il porte des vêtements généralement très propres, et, au lieu de marcher pieds nus, est chaussé de souliers à semelle épaisse. Il ne répand pas l’odeur caractéristique du boy Annamite.

Il arrive à Saïgon vers l’âge de dix ou douze ans, fait d’abord le métier de boy, puis de cuisinier, et prend alors femme. Avant d’en arriver là, il participe à la prostitution masculine de Saïgon, mais d’une manière plus discrète. Le soir, on trouve des boys Chinois sortant de chez leur maître, qui font concurrence aux boys Annamites. Mais, généralement, la succion buccale lui répugne autant qu’elle plaît à l’autre ; il se contente du coït anal, actif ou passif.

Non seulement le boy Chinois, mais encore les employés des maisons de commerce, tailleurs, cordonniers, etc., se livrent également à la prostitution. Il est bien rare qu’un Chinois de cette catégorie sociale, quand il se trouve seul avec un Européen dépravé, refuse de se prêter à ses caprices. Il le fait, non pas tant pour le bénéfice qu’il peut en retirer, que pour le plaisir qu’il éprouve ; seulement, si l’Européen a eu affaire à un marchand de bibelots, venu chez lui pour lui offrir sa marchandise, il est obligé de lui faire quelques achats, et, par la suite, ces achats se renouvelleront souvent.

Un Européen de mes amis recevait, tous les matins vers dix heures, de jeunes marchands Chinois qui venaient assiéger la porte de son logement, contigu au mien. Jamais ils n’entraient deux ensemble ; celui qui arrivait après l’autre se tenait discrètement à la porte de la rue, à l’ombre d’un arbre, attendant son tour. Je finis