Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/71

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Son petit commerce du début lui avait porté chance et il avait réussi !

Maison de prostitution masculine à Cho-lon. — Il me reste à parler d’un établissement de Cho-lon que fort peu d’Européens ont connu, et dont la police Française a toujours (c’est plus que probable) ignoré l’existence. Cet établissement n’était autre qu’une maison de prostitution masculine.

Elle était clandestine, car jamais l’autorité n’aurait accordé l’ouverture d’un pareil lieu d’infamie : aussi ce temple de l’amour Chinois était-il d’accès difficile. Toutes les précautions étaient prises pour dépister la police Française. La maison, en effet, était située dans un faubourg extérieur de Cho-lon. Rien, en apparence, ne distinguait cet établissement interlope d’une maison honnête. Située au fond d’une cour, il fallait y être introduit par un des habitués, et sans mon ami B***, le fermier-général de l’opium, il m’aurait été impossible d’y entrer.

La maison, à première vue, ne présentait rien d’anormal et n’était autre chose qu’un dépôt de marchandises Chinoises. Elle avait pour unique habitant un vieux Chinois, garde-magasin, et sa digne compagne. En temps ordinaire, personne autre ne s’y trouvait. Mais les clients et les pensionnaires en connaissaient le chemin, car c’était une vraie maison de rendez-vous nocturnes, qui ne se peuplait que vers minuit. À la sortie du théâtre Chinois, les acteurs femmes venaient y rejoindre leurs protecteurs.

De l’autre côté de la maison, au bout d’un jardin enclos de grands murs, se trouvait un beau pavillon richement décoré et garni d’un superbe mobilier Chinois. On y trouvait une bonne provision d’appareils à fumer l’opium, car, chez le Chinois, l’opium est la base et le moteur de toutes les débauches voluptueuses.