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Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/164

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voyage au pays des brahmes.

me trouve en présence d’une de ces explications fantastiques imaginées par un touriste pour donner le sens d’une coutume, d’une cérémonie religieuse qu’il n’a point comprises, cela me remet en mémoire un trait dont je ne me souviens jamais sans gaieté.

J’ai lu à Bénarès, dans une relation de voyage que le rajah Jung-Bahadour fit en France et en Angleterre, en 1851, publiée par un de ses aides de camp, le fait suivant que je traduis du bengali :

« Il existe dans certaines contrées de la France une coutume étrange : lorsqu’un enfant, appartenant à une classe élevée, sort du temple où on l’a conduit à sa naissance, porté par ses parents, tous les enfants des castes les plus infimes se précipitent sur le cortège avec des cris sauvages, et les parents sont obligés de les éloigner en leur lançant des poignées de petites pierres blanches qu’ils portent dans des sacs. »

Lors d’un relais de chevaux de poste, l’aide de camp du rajah aura vu dans quelque village de la Bourgogne passer un baptême : parrain, marraine et assistants jetaient, selon la coutume, des dragées aux enfants, qui s’abattaient sur ces friandises comme une volée d’oiseaux sur des épis mûrs, et cela a suffi pour que l’Indou imaginât là-dessus une histoire indoue.