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de trivanderam à goa.

Le tchando est le débitant de liqueurs de l’endroit. Mon Nubien se remisait chez celui de ces industriels qui avait su gagner ses bonnes grâces par l’abondance plutôt que par l’excellence de ses produits, et n’en bougeait jusqu’au départ. Lorsque je jugeais cependant qu’il en avait assez, je l’envoyais chercher par les deux bouviers, qui le rapportaient sur leurs épaules, et quand la raison lui était revenue, je n’avais qu’à lui dire : « Amoudou, nous partons demain, » pour qu’il reprît ses habitudes de sobriété.

Ce n’était plus le même homme.

Assez souvent j’étais obligé d’aller le réclamer au thana, sorte de prison municipale destinée aux tapageurs, mais c’était toujours pour le même méfait. Amoudou n’avait pas le respect de la police indigène ; dès qu’il avait avalé une certaine quantité de callou, jus fermenté du cocotier, ou d’arrak, sorte d’eau-de-vie de riz, il provoquait le premier baudrier rouge qu’il rencontrait, et se livrait avec lui à un pugilat plein d’expression, à la grande joie des flâneurs et des petits marchands du bazar.

L’affaire n’était jamais bien grave et je la terminais d’ordinaire avec quelques pièces de menue monnaie, destinées en apparence aux