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Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/38

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voyage au pays des brahmes.

se croire en plein carnaval. Ce que nous avons vu là de formes de chapeau, depuis le tromblon porté par le respectable aïeul jusqu’à la casquette à côtes, d’étoffes et de couleurs différentes, modelées sur un cantaloup, qui ornaient la tête des jeunes Alvare, Alonzo ou Francisco, ne se pourrait narrer. Les couvre-chefs des senoras et senoritas étaient non moins fantastiques… Mais ne disons pas de mal de ces dames, leur hospitalité a laissé dans le cœur du capitaine Durand de tels souvenirs, que mon vieil ami ne me le pardonnerait pas.

Pour dépeindre cette société singulière mieux que ne pourraient le faire quelques traits généraux d’observations, je vais conduire le lecteur dans une famille du pays, chez laquelle nous eûmes la bonne fortune de passer la soirée, le jour même que nous quittions Goa.

Le Mendova, fleuve qui a l’honneur de posséder à son embouchure l’île ouest bâtie la ville portugaise, coulait à pleins bords, la lagune n’était point guéable et nous dûmes la traverser en radeau. Des indigènes ayant de l’eau jusqu’au cou nous poussèrent tranquillement, bêtes et hommes, sur l’autre rive, où nous attendait le propriétaire de cette installation primitive, pour nous réclamer son salaire.