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Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/42

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voyage au pays des brahmes.

quement au milieu de sa famille… avait-elle conscience de l’impression ridicule que nous produisaient les siens ?… nous l’ignorions, et nous n’eûmes que dans la soirée l’explication de cette attitude singulière. C’était un tempérament exalté à qui l’occasion ne s’était pas offerte de trouver le calme en se fixant… Le capitaine Durand, toujours prêt à offrir des consolations aux belles affligées, devint en quelques heures son confident, elle lui lut des vers dans une espèce de charabia indigène, mélange atroce de kanara et de portugais, qui a la prétention de passer pour la langue de Camoëns, et lui chanta, en s’accompagnant de la harpe, des morceaux également de sa composition dans lesquels elle célébrait l’immensité de l’Océan et le vide de son cœur… Elle était belle, en somme, et le galant capitaine fut récompensé de son attention comme tous ses devanciers, du reste, par quelques heures d’un tête-à-tête charmant qu’elle voulut bien lui accorder… en n’y mettant d’autres conditions que celle d’escalader sa fenêtre qui ne s’élevait pas à plus de trois pieds du sol. La pauvre Juana, c’était son nom, avait la tête farcie de romanceros espagnols, où les chevaliers ont l’habitude d’envahir le balcon de leurs dames, et elle ne donnait que des rendez-vous avec es-