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de trivanderam à goa.

Nous arrivâmes bientôt à un petit village du nom de Nandapour, dont les habitants, réunis en ce moment sous de vastes baobabs, écoutaient pieusement un pandaron, sorte de mendiant religieux, dont la profession est de parcourir les aldées pour réciter des vers, chanter des morceaux des Védas ou redire des légendes des premiers âges.

Chaque village qui peut le payer a son conteur attitré, dont la mission est de distraire les habitants pendant les heures de loisir.

Ce jour fut un de ceux qui doivent compter le plus dans mon existence de voyageur, car il éclaira la découverte d’un manuscrit que je cherchais depuis plusieurs années, le Prasada ou poëme des poëmes, dont je n’avais pu encore me procurer que des fragments, tant les brahmes étaient jaloux de la possession de ce curieux ouvrage. Le Prasada renferme une foule de morceaux qui remontent à l’époque védique, et qu’il serait impossible de rencontrer ailleurs.

Dans ces impressions de voyage, que je publie pour initier le lecteur aux mœurs si pittoresques de l’Inde et de l’extrême Orient, je ne puis, pour ne pas ralentir l’intérêt, donner de trop nombreuses traductions des chefs-d’œuvre littéraires des brahmes ; cependant, chaque fois que je me suis trouvé en face de morceaux essen-