Page:Jacquemont - Correspondance inédite de Victor Jacquemont avec sa famille et ses amis, tome 1.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui accompagnent une affection vraie, et il exprimait avec plus de force ses sentiments naturels.

Il ne s’était jamais occupé sérieusement de littérature. Il avait beaucoup lu, mais jamais en vue de se former le style. Jamais l’idée d’offrir au public ses pensées et ses impressions ne lui était venue à l’esprit ; je crois même qu’il y répugnait complètement. De sa part, il n’y avait ni orgueil ni modestie ; mais s’adresser au public lui eût paru aussi étrange que de parler de ses affaires à un inconnu. Je me souviens qu’à propos d’une scène d’amour dans un roman qu’on trouvait belle, quelqu’un disait que l’auteur avait si bien réussi parce qu’il racontait une aventure qui lui était arrivée : « Que penseriez-vous, dit Jacquemont, d’un chirurgien qui ferait une préparation anatomique de sa maîtresse, et l’exposerait dans le cabinet de l’École de médecine ? » Chacun se récriant d’horreur, Jacquemont dit que l’anatomiste valait pourtant mieux que l’homme de