Page:Jacquemont - Correspondance inédite de Victor Jacquemont avec sa famille et ses amis, tome 1.djvu/24

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qu’en vue d’en faire un jour sa profession, car il y trouvait deux objections considérables : en premier lieu, l’incertitude de la science et la responsabilité qu’on ne peut éviter d’encourir dans la pratique, où les erreurs sont très-faciles ; puis le charlatanisme à peu près inévitable, peut-être même nécessaire au succès du médecin, répugnait complètement à sa nature fière, honnête et vraie. Il se dit qu’en se livrant tout entier à l’étude des sciences naturelles, il n’aurait ni à redouter des distractions dangereuses, ni à s’occuper de se faire une clientèle, et que cependant il pourrait être utile.

Être utile était pour lui un principe absolu dont il était pénétré et dont il n’admettait plus l’examen. Esclave de ce qu’il considérait comme le premier devoir de l’humanité, il tenait pour coupable celui qui ne faisait pas emploi pour le bien général des facultés qu’il possédait. Cette opinion était chez lui le résultat d’un instinct généreux beaucoup plus que d’un raisonnement philosophique, encore moins d’une