Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/158

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cas, il désirait vivement constituer une assemblée d’États sud-américains, ou tout au moins créer un organisme commun, afin de protéger plus activement les nouvelles indépendances. Il ouvrit en 1826, à Panama, un grand Congrès, qui n’aboutit à rien. Le vrai dessein de Bolivar était sans doute de réunir la Colombie, le Pérou, la Bolivie, l’Argentine et le Chili en une immense République dont il eût été le chef et qui eût pris le nom d’États-Unis du Sud. Le ministre des Affaires étrangères du Pérou devina le projet. Paez, qui avait le commandement militaire du Venezuela, manœuvra contre Bolivar. Le Congrès panaméricain échoua, et la méfiance commença. Le Pérou rejeta la constitution bolivienne, la Bolivie, qui avait pris par reconnaissance le nom du Libérateur, s’en débarrassa également. Un complot faillit lui ravir la Colombie. Il finit par s’éloigner, et mourut le 17 décembre 1830, abreuvé d’amertume et de chagrin, non sans avoir vu la Colombie se séparer en trois États : Colombie, Venezuela et Équateur.

Avec lui disparaissait le plus grand dictateur de l’Amérique du Sud, et aussi sa figure la plus énigmatique. On a fait de Bolivar le symbole de l’homme d’État républicain, alors qu’il est évident qu’il rêva toute sa vie d’une dictature impériale, étendue sur de vastes terres. On l’a dépeint