Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/169

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l’Équateur. C’est à lui qu’on doit la création de routes, de ports, d’hôpitaux et d’écoles. Malheureusement, ces travaux coûtaient fort cher, et le dictateur fut obligé de prescrire le cours forcé du papier-monnaie, ce qui fit décroître sa popularité. On sut bientôt qu’afin de porter remède à la crise financière, Moreno avait formellement recherché le protectorat de la France, puis celui de l’Espagne. Un concordat signé avec Rome, et très avantageux pour l’Église, acheva de ruiner son prestige. Des querelles extérieures avec la Colombie, avec le Pérou, l’ébranlèrent encore. Néanmoins, Moreno se maintint à la présidence de longues années, soutenu par le clergé. Il fut assassiné à coups de couteau en 1874. Sous sa dictature si discutée, il faut pourtant convenir que l’Équateur a connu une prospérité sans précédent. C’était un homme violent et sans scrupules, qui n’avait peut-être même pas pour son pays l’amour jaloux qui semble de règle. Mais ce fut un administrateur hardi, à qui la hardiesse profita, puisque les finances, à sa mort, étaient florissantes. D’autre part, l’homme privé, d’une foi très vive, était digne de respect. Sans la protection du clergé, qui développa ses missions et la christianisation des Indiens, il n’aurait pu se maintenir au pouvoir. Peut-être aussi eût-il été mieux jugé par les his-