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qui comprit vite, comme Bolivar et Paez, la nécessité d’établir un gouvernement fort. De 1844 à 1862, il dirigea la politique nationale, affermit la paix, protégea l’instruction, créa une marine. Il libéra les esclaves, travailla à l’émancipation et à l’éducation des Indiens. C’est lui qui le premier songea à l’exploitation méthodique du guano. L’argent n’a pas d’odeur.

Castilla avait repris à son usage personnel la devise de Louis XIV : L’État, c’est moi. Lorsqu’il décida que le moment était venu de songer au repos, il choisit lui-même son successeur, suivant la loi bolivarienne. Après lui, une suite de présidents assez sages maintint l’ordre parmi de graves difficultés, dont une guerre avec l’Espagne. Castilla mourut en 1867, après avoir essayé de soulever le pays contre le général Prado.

En 1872, Manuel Prado prenait le pouvoir et s’occupait activement de la réforme de l’armée, de l’organisation municipale, de la suppression des fonctionnaires inutiles, et, comme tous les dictateurs, du problème financier. Les finances du Pérou étaient fort obérées et le guano n’y suffisait plus. L’État s’adjugea le monopole du salpêtre et intensifia de telle sorte la culture du guano qu’il en tira bientôt les trois