Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

entendre qu’il pourrait y avoir là un jour une menace séparatiste.

À la fin du règne de Pedro II, et bien que le Brésil eût assumé une partie de la dette portugaise, l’état financier était bon, les dépenses médiocres, l’armée et la marine en bon état et le budget se soldait en excédant. Malheureusement, en 1889, l’empereur, devenu aveugle, ne s’occupait presque plus des affaires. Il était très populaire, mais les officiers, par une sorte de révolution de palais préparée dans les Écoles militaires, travaillèrent à le déposséder de son pouvoir. Les intellectuels, qui s’étaient convertis à une sorte d’amalgame de libéralisme et de comtisme sous l’influence de Benjamin Constant, se joignirent à eux. À la fin de l’année 1889, la République fut proclamée et la famille impériale exilée. La dictature sanglante de Floriano Peixoto devait la faire regretter. Elle dura d’ailleurs peu d’années, et le Brésil connut par la suite les diverses alternatives du régime parlementaire.

L’Amérique latine, dont nous venons d’esquisser une histoire trop brève, est la terre qui peut le plus clairement nous enseigner les dangers de l’anarchie. Aucun de ses États, sauf le Brésil, n’a de dynastie royale. Aucun ne possède d’aristocratie véritable. Il faut, pour vivre, pour