Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peuples d’Islam. Seules quelques communautés musulmanes de l’Inde protestèrent. Les autres musulmans, d’ailleurs divisés depuis un temps immémorial par leurs hérésies, ne s’émurent pas outre mesure de voir cesser l’autorité fictive du Commandeur des Croyants. La séparation de l’Église et de l’État était consommée. Il est assez curieux de voir que dans tous les pays du monde et dans tous les temps, les dictateurs s’occupent d’abord de religion.

Le dessein avoué de Mustapha, après ses victoires, après la répression de l’insurrection kurde, après un adieu à l’Angleterre trop gênante, était de faire de sa patrie, à laquelle, au traité de Lausanne, il avait réussi à conserver une partie importante de son territoire européen, un pays qui fût l’égal des peuples de l’Occident. Et que faut-il d’abord pour être égal ? Être pareil extérieurement, ne pas se distinguer par le costume. Le monde va à l’égalité par l’uniformité. Aussi, comme tous les Orientaux, il pensa que la première lutte à mener était une lutte de tailleur et de chapelier. Les jeunes Chinois sont tout fiers d’avoir coupé leur natte et de porter des casquettes ou des chapeaux mous. Mustapha le Victorieux décida l’abolition du fez. Pour faire tomber le fez, il fit d’ailleurs tomber les têtes d’une vingtaine de récalcitrants.