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les moindres villages l’usage de la T. S. F. Tout ce qu’il a pu inventer pour tuer la vieille Turquie, il l’a appliqué. À un pays qui avait la réputation d’être immobile, il a donné la rapidité du cinéma. Il a tourné ses réformes comme un film.

Cependant, les peuples forts ont l’habitude de s’appuyer sur leur passé. C’est ici que l’attitude de Mustapha est la plus singulière. Au moment de la lutte avec les Grecs, les Turcs avaient prononcé, devant la mosquée d’Ahmed, le serment de lutter jusqu’à la mort. Ils avaient invoqué les anciennes gloires musulmanes. Après la rupture définitive avec le khalifat et avec les usages coraniques, Mustapha Kemal tenta de briser tout lien avec les princes osmanlis. Alors que pour un Européen le passé de la Turquie semble ne faire qu’un avec le passé des sultans, Mustapha Kemal fit rédiger des manuels d’histoire où une vingtaine de pages suffisent à résumer quelques siècles.

Cependant, comme il serait vain de faire naître ce grand peuple de la guerre de 1914, le dictateur moderne s’est préoccupé de lui chercher des ancêtres plus glorieux que les tribus nomades du Turkestan dont il descend. C’est le moment où diverses missions archéologiques découvrirent d’importants vestiges de la civilisation des Hittites. Les Hittites n’étaient pas incon-