Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/240

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À peine Mussolini a-t-il eu le temps de s’indigner de la trahison des chefs socialistes que la Grande Guerre éclate. Non seulement le patriote frémit, mais encore le socialiste. La guerre seule peut affranchir les terres séparées de la patrie. Elle doit permettre aussi l’émancipation sociale, par le souffle d’un esprit révolutionnaire, un esprit vivant, tandis que celui qui ne vient que des livres est mort.

Tout de suite, le directeur de l’Avanti est pour l’intervention. Il est poussé dans cette voie par Battisti qui a lui aussi saisi la conjoncture et dont le sang de patriote irrédentiste s’est enflammé. Au sein du parti socialiste, ils engagent une violente campagne pour l’abandon de la neutralité.

De nouveau, comme en juin, l’action de Mussolini est arrêtée par les théoriciens et les politiciens de son parti, restés fidèles à la social-démocratie allemande. Alors, sa colère éclate ; il s’emporte contre les « idéologues émasculés » capables de sacrifier la chance unique de la nation italienne à leurs dogmes.

En octobre, à Bologne, au congrès socialiste, il prononce un discours violent, demandant l’intervention. Pour lui fermer la bouche, les pontifes socialistes lui retirent la direction de l’Avanti. Ainsi, pensent-ils, privé de sa tribune,